

L’islamisation du Maghreb est un processus complexe et progressif qui s’est déroulé en plusieurs phases entre le VIIe et le XIIIe siècle. La première phase commence avec la conquête arabe, qui est relativement longue (647-710) et complexe. Une fois surmontée la domination déclinante de l’empire byzantin basé en Tunisie (Ifriqiya) et sur la côte nord-africaine, cette conquête a aussi réduit les fortes résistances locales. Ses grands protagonistes ont été Uqba ibn Nafi (qui a fondé Qayrawan en 670), Hassan b. al-Numan (qui a vaincu le soulèvement mené par « la reine des Berbères », la Kahina, « la prêtresse ») et Musa b. Nusair (futur conquérant d’al-Andalus). Après la conquête, l’islamisation s’est traduite par l’incorporation des Berbères dans l’armée et la conversion des chefs de tribus, ce qui a entraîné la conversion de leurs peuples. Au Maroc, la dynastie des Idrissides, descendante du Prophète de l’Islam, a fondé Fès (789) et l’Université Qarawiyyin (859), tous ces téléments ayant été déterminants pour l’islamisation et la culture maghrébines.
Une deuxième phase d’islamisation a eu lieu avec les vagues de tribus arabes Banu Hilal venues d’Orient à partir du XIe siècle pour soumettre le Maghreb. Après la mise à sac de la région, elles se sont installées et se sont mélangées aux Berbères, renforçant ainsi l’arabisation et l’islamisation, ce qui a eu un impact important sur la démographie, la langue, la culture et la religion. Les grands empires berbères des Almoravides et des Almohades (XIe-XIIIe siècles) et leur réformisme orthodoxe sont à l’origine de la troisième phase.
Sur le plan institutionnel, idéologique et intellectuel, l’école juridique malékite a joué un rôle fondamental dans le développement et l’établissement de l’islamisation. Au niveau social et populaire, le soufisme et les confréries ont eu une fonction essentielle en tant que voie d’islamisation plus profonde, plus alternative et plus singulière de la population générale, et ce jusqu’à nos jours.
Francisco Vidal-Castro
Université de Jaén