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Dans la continuité de l’Antiquité, le Maghreb médiéval est profondément tourné vers la Méditerranée. Comme pour le reste du monde islamique, la Méditerranée est à la fois un espace de compétition avec les chrétiens, mais aussi un lieu de circulations et d’échanges. Elle assure notamment la connexion de la région avec la péninsule Ibérique (al-Andalus).
Au niveau du détroit de Gibraltar, les relations étaient étroites et intenses : traversé en un tiers de journée d’après les auteurs médiévaux, celui-ci canalisait des circulations de grande envergure, et devint un espace de peuplement mixte, de nombreux Berbères s’étant installés dans les districts d’Algésiras et de Tarifa.
Au-delà du Détroit, ces relations prenaient en effet appui, sur la présence en péninsule Ibérique, de nombreux Berbères qui s’étaient installés là siècle après siècle – aux temps de la conquête, à l’époque du califat de Cordoue (X e siècle) et des taïfas (XI e siècle), puis sous les Almoravides et les Almohades. Nombreux étaient-ils à avoir conservé des liens avec leur milieu d’origine. Elles s’ancrèrent aussi autour de villes fondées au Maghreb par des Andalous, avec l’accord tacite, voire la participation active, des habitants berbères – telle Oran, qui fut créée en 902.
Dès la conquête islamique du VIII e siècle, le Maghreb a donc construit et nourri une relation étroite avec l’autre rive, et avec ses habitants. Après que Grenade soit passée aux mains des Rois Catholiques, c’est au Maghreb, qui était désormais un espace familier, que l’émir déchu Muhammad XII Boabdil choisit de se rendre.
Aurélien Montel
Université Toulousse-Jean Jaurès