
Agadir en Tachelhit du sud marocain, ou Igherm/ighermt en amazighe du centre du Maroc est une institution communautaire à multiples fonctions. Chaque agadir est composé de plusieurs éléments : les cases de stockage des biens (de 16 à 290 cases), des murailles, des tours de guet, la tanodfi (une citerne d’eau), une loge du gardien, une loge des inflass (notables élus de la tribu), des ateliers d’artisanat, souvent d’un juif, l’aire de prière, des ruchers collectifs, l’espace du commerce, des étables, etc.
Dans le passé, l’agadir servait de refuge, de lieu des transactions commerciales, mais aussi il assurait des rôles politico-juridiques, (siège des inflass –notables-). Cette institution avait aussi des fonctions sociales et religieuses. Selon les écrits antiques (Diodore de Sicile, Salluste et de Pline l’ancien) l’agadir existait depuis au moins le premier siècle avant J-C en Afrique du Nord. Au Maroc médiéval, l’agadir a évolué et disposait d’une charte de gestion (droit coutumier amazigh) appelé llouh. La version la plus ancienne (d’Ajarif) remonte à 1344 ( dynastie mérinides 1244-1465) et fut approuvé par le sultan Saadien au XVI siècle, ce qui a permis la diffusion des chartes et leur généralisation sur d’autres greniers.
Aujourd’hui, les agadirs, toujours fonctionnels surtout dans le Siroua et le Souss, assurent le stockage des biens et graines d’où le nom grenier collectif, tout comme les hórreo en Galice, les Espigueiros à Minho (Portugal) ou l’Aghassrou tunisien et lybien. Récemment, une demande d’inscription de cette institution comme patrimoine de l’humanité a été déposée à l’UNESCO.
Hassan Ramou
Université Mohammed V Rabat, Maroc